Encore Fabice DEVESA
Dans ce vieux supermarché
Chérie, dans ce vieux supermarché, Nous sommes des produits étiquetés Que l'on range dans les rayons. Même nos idées sont en solde, Nos rêves sur des microsillons Revendent un coeur en demi-solde Prlivé parfois de munitionss. Chérie, du collège à la fac, On assassine nos libertés. Tu vois que, malgré notre bac, Notre cerveau reste enchaîné. Ah ! Elle est chouette l'éducation : Faut être rentable et consommer, Apprendre par la télévision Le bonheur même s'il est truqué. Et dans ce monde d'analphabètes De tendresse et de sentiments Où l'on cotise pour la retraite Entre dix huit et soixante ans, On a mis au congélateur Nos révoltes d'adolescents La publicité de l'horreur A déglingé nos coeurs d'enfants. Chérie, m'aimeras-tu encore Si ma carrrière est incertaine ? Je n'ai comme bon du trésor Que mon amour pour toi ma reine. Chérie, j'ai peur, je te l'avoue De te parler de mes problèmes, Tu vas croire que je suis fou, Je t'envoie un fax : " je t'aime " Décembre 1995 | Dans ce vieux supermarché |